un bout de réflexion

Ces années collège. Terminées. J'ai perdu à jamais mon titre de collégienne. Nostalgie, tristesse? non.

Ce collège n'était pas drôle. On a tous besoin de quelque chose de mieux, de plus adapté. Où on nous prenne moins pour des cons. On a envie de connaître l'ambiance lycée, d'avoir des cours plus ciblés sur ce que l'on aime, moins de discipline inutile... Envie de changement, aussi.

Pour moi, la fin du collège est directement liée avec mon départ en Irlande... Du coup, je l'ai à la fois attendu et redouté. Aujourd'hui, je n'arrive pas à réaliser.

4 ans dans cet établissement, c'est énorme, vu de maintenant. Quand j'y suis arrivée, à 11 ans, j'étais tellement différente de maintenant...

Je ne me posais pas de questions. J'étais une fille plutôt ouverte, un peu gamine, mais c'était normal. J'avais peur de mes profs, j'avais envie de pleurer si on me grondait. Je n'étais pas très tolérante vis à vis des "intellos", ni vis à vis des "racailles" : parce que mon groupe d'amis ne l'était pas. Je ne jurais que par Gwenddydd, et je ne cherchais rien d'autre que "délirer". J'étais contente comme j'étais, et je ne connaissais pas de sauts d'humeur, ni de remises en question. Je voulais sortir avec un mec, parce que c'était bien, mais je me moquais des filles qui ne pensaient qu'à ça. J'aimais rigoler et voir des films américains, en écoutant de la musique américaine. Je ne m'exprimant pas beaucoup, et si je cherchais sans doute à me faire remarquer, je ne voulais pas avoir d'opinions trop différentes de celles des autres.

En 4 ans, j'ai appris à avoir des amies sur lesquelles je pouvais vraiment compter, à ne plus avoir mes parents comme unique référence. A sortir avec mes potes. A connaître les garçons, aussi. A me faire des opinions, tant morales que politiques. A être une fan de musique, en passant d'abord par le rap, puis le R&B, la musique NRJ, le hard rock, le rock français, les années 80. A savoir me faire apprécier des gens, tout en étant franche, et à établir une relation de confiance avec mes parents.

Dans ce collège, j'ai vécu ma première liaison avec un garçon, mes premières règles, mes premières vraies engueulades avec mes amies et aussi avec mes parents, mes premiers mauvais résultats, mes premières vrais conneries, mes premières déprimes, mes premiers secrets...

J'y ai passé de très bons moment, et quelques mauvais passages.

Au niveau scolaire, ça a aussi été une grande évolution : quand je suis arrivée, avec mon 18 de moyenne du CM2, je ne connaissais rien à l'histoire de France ni du monde, je ne réfléchissais que quelques secondes avant de commencer à écrire une rédaction, je ne savais pas ce que voulait dire le mot "nazi" et les lettres que j'écrivais à mes amies étaient faites de phrases très simples, sans aucune esthétique verbale. Bien sûr, je ne connaissais aucune autre langue que le français.

Niveau caractère, je ne dirais pas : mes parents ont toujours dit que j'avais un "sacré caractère". La différence, c'est que maintenant, je m'en rends compte et j'ai l'impression de commencer à me connaître... Hier, quand j'ai fait connaissance avec un groupe punk, en dansant sur le rythme de la musique, que je leur ai expliqué que je partais en Irlande et que le vodka orange avait été fait par ma pote qui est juste là, avec le T-shirt rouge, que j'avais réussi à sortir mon autre amie assez déprimée d'habitude et qui sautait maintenant dans tous les sens, que je pensais à ces vacances et à mes 15 ans... Je me suis dit "Alice, je crois que je commence à bien t'aimer".

C'est une révolution, en soit.