un bout de réflexion

Ce matin, il y avait le spectacle de chant de mon frère : une cinquantaine de gamins qui chantent les comptines qu'on leur a apprises depuis le début de l'année... Dans la même école maternelle que j'ai quitté il y a 10 ans, et avec pratiquement les mêmes profs.

10 ans, sous certains points de vues, c'est assez court... Comment j'étais, il y a dix ans?
Une petite fille aux jolies boucles blondes, qui se dégageait petit à petit du côté insociable hérité de ses parents, qui n'avait encore que sa famille comme point de repère et une petite tendance à sauter partout, bien qu'elle ait toujours obéi très sagement. Elle ne connaissait rien de la misère, de la violence, des engueulades familiales, des emmerdes de la vie, et elle n'aimait pas les garçons turbulents, ni jouer à la guerre, ni aux poupées d'ailleurs. Elle avait un amoureux qui s'appelait Nicolas, avec qui elle était fiancée et avec qui elle était tout le temps. Son entourage la considérait comme gentille et sage, mignonne peut-être. Elle s'entendait bien avec ses soeurs et ne savait pas jouer seule car elle n'en n'avait jamais l'occasion, et elle avait sans doute tendance à vouloir se démarquer et à être jalouse de l'attention qu'on portait à ses soeurs. Ses parents disaient qu'elle avait un sacré caractère et qu'elle était entêtée. En moyenne section elle avait appris toute seule à faire des puzzles de 300 pièces et surtout à lire, en regardant derrière l'épaule de sa soeur qui était au CP. Elle n'était pas très douée dans tous les arts manuels, par contre elle faisait toujours partie des chorales et elle était assez sportive.

Je ne me souviens pas de beaucoup de choses précises de ces années là. En fait, je fais une grande confusion entre mes impressions de l'époque que j'oublie petit à petit, ce que me racontent mes parents et ce que j'imagine. Mais je m'en souviens suffisamment pour savoir à quoi ressemblait ma vie. Une vie sans soucis, mais sans aucune autonomie... Une vie qu'on aimait en se disant que "qu'est-ce que ça sera bien quand on sera plus grands!". Des périodes difficiles où on aimerait ne pas être considérés comme "des mômes", ou parfois où on aimerait qu'on porte plus d'attention sur nous. On aimait tout le monde, et avec ma "meilleure copine", Elodie, on était les seules à savoir qu'il y avait une sorcière dans l'école. Elle laissait des messages à certains endroits et il fallait faire des tas de sorts et de potions magiques. On faisait comme si on y croyait vraiment, je crois que j'étais persuadée qu'Elodie y croyait et vice-versa, du coup on prenait ça très au sérieux pour ne pas dévoiler à l'autre que "le père Noël n'existait pas", ou un raisonnement du genre. 

Entre cette époque et maintenant, j'ai grandi et évolué, petit à petit, mais il n'y a pas eu d'évènements remarquables qui m'ont fait changer, qui ont marqué une étape de ma vie. Tout ça, quand je regarde maintenant, c'est mon enfance. Bien sûr, le passage en école primaire,les premières emmerdes, le passage au collège, la naissance de mon frère, les premières responsabilités, les premières règles... Ce sont des évènements qui ont été remarquables sur le moment. Mais je peux surtout déterminer comment j'étais à telle ou telle periode en réfléchissant qui étaient mes meilleures amies à cette époque là...

Je ne regrette rien de tout ça. J'ai envie d'aller vers l'avant, d'avancer dans mon avenir. En fait, dans les grandes lignes, je suis une optimiste. Mais j'aimerais ne pas oublier toute cette période, que je sais/sens que la mémoire efface, petit à petit... Quand je regarde maintenant, je ne m'aime pas tellement comme j'étais, petite. Pour être plus exacte, si je me rencontrais il y a 10 ans, je ne me ferais pas très bonne impression. Je crois.