un bout de réflexion

Vendredi comme prévu on est allés au mémorial de Caen. Je vais pas épiloguer, c'est plutôt intéressant mais 7h de voyage c'est quand même énorme et le questionnaire de 10 pages à remplir assez gonflant. Bref.

Dans le car au retour, j'étais avec mes deux potes, et j'ai senti qu'il fallait qu'on échange, après toute une journée passée ensemble à bouger, à chercher des renseignements, à voir des gens, à s'agiter... Ce sont des filles avec qui je peux parler, je peux dire quand ça ne va pas, je peux exprimer des choses. Et j'ai senti aussi que Gaëlle n'allait pas très bien.

Elle a toujours été un peu négative... Tentative de suicide à 8 ans, parents qui l'oppressent trop, tendance à déprimer... Hier, elle ne ressentait plus les raisons qui nous poussent à vivre. Je vois bien ce qu'elle voulait dire, même si c'est assez dur à exprimer. Elle se voit un avenir noir et n'arrive pas à positiver, parce que plus rien ne lui donne envie... Je crois qu'elle n'arrive pas à trouver de buts, un métier qui l'intéresserait, une relation qu'elle aimerait avoir, quelque chose qu'elle voudrait faire... Je pense qu'à notre niveau il faut pouvoir s'imaginer un modèle de vie qui nous convient pour pouvoir continuer, savoir vers où on veut aller. Et ça, elle n'y arrive pas.

Je lui ai écrit un mail, ensuite :

" En fait ta "déprime" n'offre pas tellement de réponses, c'est pour ça qu'on a un peu parlé dans le vide moi et Tianhe hier, on a parlé pour parler, si ça se trouve t'aurais préféré qu'on la ferme. Je n'avais pas le sentiment de dire quelque chose d'utile : en final c'est un peu une déprime d'ordre général. Le problème majeur c'est de trouver l'intérêt de vivre et une raison valable à "pourquoi autant se faire chier, quel but à tout ça". Ce sont des idées qui me viennent parfois d'un coup, et qui me bouleversent et me prennent complètement pendant une dizaine de minutes, mais qui ne pourraient pas rester plus longtemps. C'est pour ça que je comprends plutôt bien ce que tu nous disais, que je le ressens, mais que je ne suis pas capable d'y trouver de solution intellectuelle raisonnable, quelque chose à penser qui compense ce vide, vu que sur moi-même je ne le résous pas, c'est une idée qui me dépasse et à laquelle je ne peux pas penser. Je peux me souvenir d'avoir éprouvé un sentiment comme ça, mais je ne peux pas l'éprouver sur commande. Peut-être parce que ça n'est pas dans mon quotidien, c'est plutôt abstrait chez moi alors que tu l'as concrétisée. Pour moi, c'est une idée générale qui dépasse tous mes projets, mon avenir... Alors que toi tu l'as collée dessus. Tu vois ce que je veux dire?
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Donc il n'y a pas tellement de solutions, comme disait Tianhe il faut essayer d'oublier le pourquoi de tout ça, mais l'ennui c'est qu'on est dans une dimension d'idées où on a pas tellement la possibilité de choisir si oui ou non on veut y penser... Enfin là je parle pour moi, je sais pas si c'est vrai...
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Ce que je te dis là n'a pas beaucoup d'utilité, sinon de rendre (peut-être?) un peu plus clair ce que j'essayais de dire dans le car sans réussir à l'exprimer... "

Je ne sais pas quoi penser. J'ai envie de pouvoir l'aider, trouver un moyen de réconfort... Et je sais qu'il n'y en a pas, que c'est une démarche intérieure. Le pire, c'est que j'ai moi-même du mal à lui imaginer un avenir positif, quand je l'entends dire ça. Pourtant, elle n'est pas plus mal partie que la moyenne...