un bout de réflexion

Hier, dans le RER, je méditais, comme bien souvent, mon balladeur sur les oreilles. Les transports, c'est un moment où je suis seule et où je me sens libre de penser autant que je veux. Et c'est vrai qu'assez souvent en ce moment, mes pensées ne sont pas forcément joyeuses. Un type en face de moi, sorte de gentil dragueur casse-couille comme il y en a tant, m'interpelle : "Pourquoi fermer votre visage comme ça, Mademoiselle? Une jeune fille comme vous doit ouvrir son visage et sourire, c'est ce qui la rend belle". Pour passer le temps, je suis partie dans des considérations philosophiques nullissimes qui lui ont tenu la conversation pendant quelques minutes, jusqu'à ce qu'une phrase à laquelle je n'avais pas réfléchi s'échappe de ma bouche : "Je ne vois pas pourquoi je devrais faire semblant d'aller bien". J'ai retourné la phrase dans ma tête pendant quelques secondes, et j'ai craqué. J'ai dû traumatiser mon pauvre dragueur. Je me suis mise à pleurer, j'ai remis mes écouteurs et cette fois, je me suis fermée toute entière.

Non, je ne vais pas bien. Du tout. Et ca n'est pas normal. Parce qu'en fait tout va bien, absolument tout va bien, mais moi je vais mal.

L'équillibre est tellement fragile que je ne sais pas si on peut appeler ça un équilibre. Tant que j'étais en vacances, tant que Clément avait décidé de me consacrer sa semaine et de m'engloutir d'affection, j'avais l'impression d'aller bien. Tant que je sens qu'il m'aime, tant que je peux le voir, tant que tout se passe bien avec lui et que je n'ai pas de contraintes extérieures pour me pourrir la vie, alors tout va à merveille. C'était vraiment une semaine de rêve que j'ai passée. Je m'endormais le soir dans ses bras en me disant "je suis heureuse". Et c'est vrai, je vais mal, mais je ne suis pas malheureuse, bien que ça puisse sembler contradictoire.

C'est marrant, j'ai toujours été quelqu'un de très fort. Rien n'a jamais réellement ébranlé ma stabilité, pas même l'année passée loin de tout à 15 ans. Mais depuis deux mois, je plonge petit à petit, je ne sais pas vers quoi je plonge d'ailleurs, mais parfois ça va si mal que j'ai l'impression que sans la certitude de me consoler dans les bras de Clément dans les jours à venir, je coulerais complètement. Je me noie et je ne sais même pas dans quoi. Je résiste aux moments difficiles grâce à la certitude de retrouver le bonheur. Parce que maintenant, j'ai conscience que je suis partie pour un bon bout de temps avec Clément.

J'espère que ça va aller mieux maintenant, parce qu'avant les vacances je ne suis pratiquement pas allée en cours pendant trois semaines. J'avais une sorte d'épuisement chronique, que j'ai pris pour une mononucléose mais qui, je crois, était en fait une conséquence physique du "tout" qui m'affecte déjà moralement. Et comme cet épuisement me permettait de rester chez Clément, je n'ai pas vraiment cherché à aller mieux.

Essayons de définir ce "tout" qui me détruit.
- mon obsession pour cet homme. Car je crois que ça tient réellement de l'obsession, au point où j'en suis. Le sentiment que je ne peux jamais le voir assez.
- mon setiment d'infériorité, l'impression qu'il n'a aucune raison de m'aimer, qu'il doit me préférer n'importe quelle autre nana qui passe, qu'il va se lasser de moi et des mes chichis. Le sentiment d'être nulle.
- mon rythme de vie. Dormir et manger de façon très irrégulière, l'attendre pendant des heures, prendre les transports, et puis la drogue, beaucoup beaucoup trop de drogues (incluant clopes et alcool). C'est ce point là qui risque de s'améliorer dans les semaines à venir (changement d'emploi du temps).

Parfois ça ne va pas si mal. A la condition que tout aille bien avec Clément, il m'arrive d'être sereine et euphorique. Il y a des jours et même des semaines, où je ne me pose pas autant de questions et où j'arrive à pleinement profiter de ma vie en m'y sentant parfaitement bien. Comme je l'ai toujours fait jusque là. Et comme j'aimerais pouvoir le faire tous les jours pour toujours. Surtout quand j'ai trouvé l'amour, il devrait être interdit d'aller mal.