un bout de réflexion

C'est la révolution en ce moment. Pas au niveau national... Encore que (graves émeutes aux Champs-Elysées après le match, rassemblements spontanés par ci par là, mécontentement généralisé... du classique quoi).
Bref, là je parle au niveau personnel, et au niveau du groupe politique auquel j'appartiens.

Un petit groupe que des amis à moi ont créé, et dont je suis maintenant un des membres les plus présents et les plus influents. Une trentaine en tout, mais seulement une quinzaine qui se déplacent régulièrement. La plupart sont des autonomes : certains apolitiques, de nombreux anarchistes, des cocos, des intellos, des tarés, des jeunes, des vieux, des riches et des squatteurs. Le tout dans une ambiance très libertaire, à tous les points de vue. Le but de notre groupe? Actions et Réflexion. On participe aux mouvements que l'on soutient, on tente d'en créér aussi, on fait des exposés et on débat.

Je suis devenu très proche de l'un d'eux, chez qui l'on se regroupe le plus souvent. Une cinquantaine d'années, anar jusqu'aux orteils, 10 ans de prisons derrière lui, un caractère de chieur, et un coeur "gros comme ça". Ce type est vraiment génial, il m'apporte beaucoup. Je vis chez lui à mi-temps en ce moment : son appartement, c'est la maison du bonheur, le temple de l'anarchisme, une bibliothèque, une médiathèque et une vidéothèque politique très enrichissante. Affiches, tracts, livres, BDs, films, cassètes audios : on trouve de tout chez lui, de quoi passer des journées entières à découvrir tout un univers. Pas uniquement anarchiste : l'autre jour, il m'a montré les films de propagande qu'Hitler utilisait. C'est bon à savoir.
Mieux encore, parler avec lui : avec trois doctoras derrière lui, et toute une vie passée à "faire la révolution", il en sait long. Humainement parlant, il aime partager, il a une agressivité énrome au fond de lui, un traumatisme que lui a laissé la prison. Dont il parle, dont il essaye de se débarrasser. Vraiment, intéressant.

On est comme une petite famille avec ce groupe, en ce moment je vois certains membres presque tous les jours : ils sont devenus de supers amis. En parrallèle, le côté libertaire rend le groupe assez... libertin. Logique non?
Et puis, qu'est-ce qu'on se marre... Déjà, ces gens me font rire de nature, en plus il y a une super ambiance.

Pour moi, cela correspond à une grande ouverture d'esprit. J'ai appris à accepter beaucoup de choses, ou du moins à mieux les comprendre. Le phénomène du casseur, par exemple. Les red skins, aussi. La fraude, le vol. La violence gratuite envèrs les flics. Les totos.
Je ne dis pas que c'est bien, attention. Je dis juste que ce sont des réactions qui sont entièrement tolérables, dans le sens propre du thèrme. Tout est une question de point de vue.

Le groupe ayant une large diversité politique, il ne m'influe pas particulièrement dans un sens ou dans un autre, mais il m'aide largement à définir ce en quoi je crois. Mon idéal était assez flou jusque là, il l'est encore, d'ailleurs. Mais avec les débats, l'écriture de tracts, et aussi l'experience, les choses commencent à se fixer dans ma tête. Je réfléchis, et j'aime ça. Quoi qu'il arrive je ne suis pas qulelqu'un de trop extrême, dans le sens où je prends pas mal de recul. Je ne pourrais pas dédier toute ma vie à une lutte perdue d'avance. Mais les idées libertaires ne sont pas forcément à être prises comme une envie de changer la societé du jour au lendemain. Plutôt comme des idéaux, des pistes qui nous montre en quoi notre societé est artificielle et erronnée. Un modèle en quelque sorte, quelque chose vèrs lequel il faudrait se diriger, l'idée générale qu'on peut vivre autrement.

Car oui, on peut vivre autrement.

En tout cas, je me sens bien. Je m'intéresse, je m'implique, je rencontre des gens, j'experimente, je me fais des amis, je bouge. J'apprécie à fond.

Ca n'a rien à voir mais ce soir Yannick vient chez moi. Revient. Après près d'un mois sans se voir... Ce qui est ironique, c'est qu'il n'est venu chez moi qu'une seule fois : le jour de notre rencontre. Sauf que maintenant, je suis beaucoup plus détachée par rapport à lui. La vérité c'est que je serai contente de le voir, mais que dans le fond je m'en fous un peu. C'est quelque chose que j'ai appris, ou du moins qui s'est encore intensifié dans mon caractère : vivre au jour le jour, ne pas se prendre la tête, et se foutre d'un peu tout.