un bout de réflexion

' Non, tu ne sortiras pas ce soir. ' tu sens un sanglot se coincer dans la gorge, tu t'attendais à cette réponse mais pourtant tu ne la digères pas. alors tu fonces en courant dans ta chambre la main devant la bouche comme pour retenir un cri, tu montes les escaliers quatre à quatre, parvenue à ta chambre tu t'affales sur la moquette. "oui". tu la sens ta frustration alors que tu t'arraches les cheveux, oh oui tu la sens quand tu te retiens de donner du poing contre le mur. tu ne comprends pas vraiment ce que tu fais quand tu passes devant ta glace et que tu aperçois rapidement une furie les cheveux en bataille, les yeux rouges de larmes. tu retombes par terre, tu chopes un coussin et tu mords dedans à pleines dents comme pour étouffer une plainte, un cri de haine et de colère. "arrête, je me sens ridicule". non on va continuer... alors tu t'allonges par terre avec violence et puis tu aperçois ton plafond blanc; l'espace de quelques secondes, tes yeux se desserrent, ta mâchoire relâche sa proie. "si j'avais... si j'avais la force de casser le plafond". tu imagines un trou dans le toit, un oiseau qui passe et qui t'emmènerait là où tu voudrais. c'est alors que tu aperçois comme un flash, flo à denfert au milieu de la foule, comme l'an passé. tes muscles se contractent de nouveau, tu sens la colère refaire un bond dans ton coeur, tu te recroquevilles "arrête ça fait mal !", non je continue encore... tu agrippes tes vêtements, ta peau, tu te fais mal, tu souffres pas vrai ? "ouii arrête je t'en supplie". tu revois, comme un film qui se projette devant tes yeux, toutes les injustices qui te reviennent en mémoire que tu as peut-être subies, tu ne sais plus vraiment,  les moindres souvenirs blessants de cette année qui t'ont mise en colère. mais dans ces moments-là tu avais su prendre sur toi. tu te sens faible pas vrai ? c'est bien, ça te fait du bien au fond... cette sensation de te sentir enfermée dans une chambre qui te semble alors si petite, tu la hais. dès que tu décides d'en sortir, tu entends ces bruits de télé, de supporters infernaux qui acclament leurs équipes de foot de merde. tu détestes ce bruit. surtout en un moment pareil. alors tu retournes dans ta chambre comme un prisonnier découvrant sa cellule. tu te sens impuissante, ta crise est telle que rien ne peut te calmer. et ta tête ! mon dieu ta tête, elle te fait un mal de chien. souviens-toi l'année dernière tu étais tellement épuisée à la suite de ta crise de colère que tu t'étais endormie à même le sol, à dix centimètres de ton lit. "t'es pas obligé de raconter ça". oui mais au fond de toi tu veux que je le raconte, pas vrai ? "on va me prendre pour une folle..." non non ! je ne crois pas. c'est ta façon à toi d'évacuer ta colère, ça t'arrive une fois par an, à peu près toujours à la même période. cette année, je suis fier de toi, tu as retenu tes coups, tu as lutté pour la première fois contre cette colère qui t'envahit. jusque là tu l'avais toujours gardée secrète, mais ces gens-là qui lisent ont le droit de savoir. ça fait partie de toi. seule... et silencieuse. personne dans la maison ne s'est douté que pendant une heure, des sentiments si violents s'entredéchiquetaient dans une seule pièce. ahah ! non mais regarde-toi t'as l'air d'une junkie ! "^_^."