un bout de réflexion

Là, je me sens d'humeur à partir pour une discussion de fond.

D'une manière générale, j'essaye toujours de me détacher des clichés, des modes, des obligations de notre societé. Je les suis, bien sûr, je les intègre à ma façon de vivre, comme tout le monde d'ailleurs, mais j'en suis relativement indépendante. J'ai l'impression de pouvoir faire la distinction entre ce que je fais par moi-même et ce que je fais pour répondre à une demande globale de notre societé. J'arrive à gérer la superficialité de notre monde parce que j'ai l'impression de l'avoir relativement cernée. Attention, je ne suis pas entrain de vous dire que je suis géniale ou quoi que ce soit : nous faisons tous plus ou moins cette distinction, plus ou moins consciemment. Nous vivons tous sous l'influence de notre groupe, et c'est normal, ce n'est pas particulièrement négatif d'ailleurs. La question se pose rarement, en fait : on vit, tout simplement, sans se préoccuper de l'origine de toutes nos réactions.

Sauf qu'en ce moment, je suis dans le vague. J'avais déjà remarqué que par rapport à tout ce qui est des relations amoureuses, je n'arrive pas à bien faire le détachement. Je n'arrive pas à réagir naturellement, à créer quelque chose de vraiment personnel. Je suis constemment entrain de me dire que j'obéis à des codes auxquels je n'adhère pas. Auxquels j'aimerais ne pas adhérer en tout cas.

Dans mes relations avec mes amis, c'est toujours clair. J'agis avec eux en fonction de ce que je ressens, en fonction de ce que j'ai envie, je me sens libre de faire à peu près tout et n'importe quoi. Le mot "ami" ne me force pas à réagir d'une façon particulière et je n'attends rien de précis d'eux, rien qui ne soit établis par les règles de notre societé.
Avec les mecs, c'est différents. Je ne peux pas m'empêcher de penser à moi et Yannick en temps que couple. Tout ce qu'on fait, je le compare inconsciemment aux normes. Comme si d'un côté, j'essayais de construire une "relation parfaite", parfaite dans le sens que la societé établit. Et ça m'ennuit beaucoup.

J'aimerais pouvoir créér, réellement : faire avec son caractère et le miens, ses attentes et les miennes, nos envies. Faire "au feeling", non pas en suivant ce chemin prédestiné, où les choses doivent être faites dans l'ordre, ou il y a des codes débiles, des mots qu'il faut se dire après un certain temps, des choses que l'on se permet, et bien pire, des sentiments que l'on se sent obligés de ressentir en fonction de la situation.

C'est superficiel, c'est épuisant, et je m'en rends compte, mais pas assez pour pouvoir m'en détacher. C'est vraiment un problème mais il me semble qu'il n'a pas de solutions, à part peut-être essayer de l'oublier, de l'ignorer au moins. Je me pose constemment la question, "do i feel this, or should i feel this?" Est-ce que je ressens ceci, où est-ce que je ressens qu'il le faudrait? (c'est tout de suite moins clair en français...). J'en suis au point où mes sentiments sont effectivement guidés par ce chemin : quand on le quitte, je trouve que ça ne va pas. Quand Yannick me dit quelque chose qui va dans le sens du "bon couple", je suis contente. Comme si le but ultime d'être à deux, c'était justement d'atteindre ce point cliché.

C'est vraiment pathétique. Je me demande si je suis destinée à toujours réagir comme ça lors d'une relation, où si c'est simplement parce que je suis dans une période d'apprentissage. Peut-être que quand je saurais gérer le couple cliché, je pourrais m'en détacher. Peut-être que c'est quelque chose de nécessaire au début de ma relation avec Yannick, mais qu'on passera naturellement à "l'auto-gestion émotionnelle" quand on y sera prêts.

Ce qui est amusant, c'est que justement avec Fred, j'avais réussi à me détacher completement des clichés. En faisant vraiment des efforts pour ne pas adhérer. Mais c'est parce que je n'avais aucune envie de construire quoi que ce soit dans lequel je sois emtionnellement impliquée, je n'en avais strictement rien à faire, de ce couple.

Parce que le problème n'est justement pas avec Yannick : ça se passe très bien, je trouve ce type super, on s'entend très bien et je commence même à avoir confiance en lui (très doucement, mais surement). Je suis optimiste pour le futur, même si je ne saurais trop le prévoir, et je suis contente du présent. On est d'ailleurs arrivé à un stade où je commence à voir ses défauts, les points qui risquent de poser vraiment problème entre nous deux. Maintenant que je le vois, je me dis qu'on va faire avec, j'ai beaucoup moins peur que quand je ne percevais pas vraiment son caractère. J'ai toujours l'impression qu'on se connait vraiment très mal, mais je sens aussi que plus ça va, plus on se rapproche.

C'est comme si le couple que l'on est réellement se formait en parrallèle du chemin. Comme si il n'y avait pas seulement cette manie de répondre à un modèle donné par la societé : ce côté là des choses prend beaucoup de place, mais ce qui nous construit se passe ailleurs, dans les "gaps", dans le non officiel, dans les petits moments, dans les petites choses qu'on ne comprend pas vraiment nous-même, dans le temps qui passe aussi, tout simplement.

Les moments que je préfere, c'est ceux où je ne comprends pas exactement ce qui se passe, où sa réaction me parraît un tout petit peu décalée et mon ressenti completement disproportionné.

Je m'arrête, ça devient confus toute cette histoire.