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un bout de réflexion

nos sentiments et reflexions au jour le jour
Croatia by sailing
--> compte rendu

(j'arrête pas de retoucher cet article, c'est sans doute débile mais je l'ai écrit à un moment où j'étais trop dans le pâté pour en être satisfaite... et je rajoute des photos maintenant)

Comme prévu, j'ai passé 10 jours à Vis, petite île croate sympathique, avec ma famille. Il y avait les trempettes dans l'eau, la plongée tuba (je me suis perfectionnée dans la matière et je peux maintenant descendre jusqu'à plus de 10 mètres en apnée), les ballades dans les montagnes et la communication difficile avec les croates, pourtant plutôt sympas (langue assez barbare, mais c'est tout de même vexant de ne jamais se faire comprendre du premier coup et de ne pas entendre la différence (une histoire d'accent tonique) quand on nous  répète la phrase...). En bref, des vacances reposantes, de vraies vacances, où je peux enfin me "poser" dans les temps, ne rien faire, profiter. Mais ça n’était pas non plus des vacances enthousiasmantes ni super géniales, parce que les mêmes que tous les ans dans un autre décors et ayant pour principal défaut de me faire rester 2 semaines avec ma famille ma famille et ma famille.

    

Je n'ai pas du tout de recul parce que je suis rentrée hier, mais aujourd'hui cette partie de mes vacances me paraît assez insignifiante par rapport à la suite. A noter tout de même dans les vraiment bons souvenirs, mon baptême de plongée dans un endroit magnifique avec un mono très sympa.

Il va falloir être honnête avec moi-même, je ne peux pas me voiler la face plus que ça, je suis vraiment dégoûtée d'être rentrée. Mon moral est resté sur le catamaran. Le catamaran qu'on a loué pour les 10 derniers jours. Il y a eu un changement de programme par rapport à ce que je vous avais dit, parce que je n'avais pas compris et aussi à cause d'un imprévu (compliqué) : en final, on a loué un cata avec un skipper dessus : un jeune mec professionnel qui est en gros "chef de la navigation" pour la semaine, nourri et blanchi. Pour trois raisons :
- mon père n'a pas navigué depuis 20 ans et ça ne rassurait pas les types de le laisser seul
- le cata était plus gros que prévu
- c'est vraiment top d'avoir un type qui connaît le coin, autant pour la navigation que pour aller dans les coins sympas de l'archipel...

J'ai simplement adoré ces jours de voile, c'était vraiment un rêve. Etre sur un bateau et apprendre toutes les techniques de navigation suffisait déjà à me faire aimer ces vacances, mais le fait qu'il y ait Marko (le skipper) a tout changé.

C'est quelqu'un de très sociable et communicatif, ça s'est donc bien passé avec tout le monde. Mais. Il aimait qu'on lui pose des questions, et ça lui faisait plaisir d'apprendre aux autres à naviguer. Je l'ai vite senti et c'est comme ça que petit à petit, je lui ai demandé beaucoup de choses et je l'ai observé, j'ai discuté avec lui... Du coup il a eu envie de me montrer plein de choses sur son bateau, et moi j'aimais sa façon de m'expliquer. C'est ce qui m'a différencié de mes soeurs : elles demandaient toujours tout à mon père (prétextant qu'elles comprenaient mieux, et c'était réaliste mais pas le plus important), qui s'entendait lui aussi très bien avec Marko, ça n'était pas un problème. Mais du coup il ne les a jamais vraiment reconnues comme "personnes voulant apprendre" et il ne pouvait pas savoir quand il pouvait compter sur elles ou non - en bref, elles naviguaient par l'intermédiaire de mon père et n'ont jamais vraiment sympathisé avec lui comme moi et mon père l'avons fait.

Petit à petit, donc, on a appris à se connaître et à s'apprécier, tous les deux. Comment expliquer ça? Ce n'est pas vraiment une relation descriptible, lui ayant 28 ans, bossant et étant marié (et aimant sa femme, cela dit en passant), et moi à 15 ans, en vacances, dans les pattes de papa-maman... Disons qu'on s'est très bien entendus, on a échangé, on a rigolé aussi. Sans buts.

    

Une journée en mer:
- Le matin, au réveil, un petit plongeon dans l'eau, petit déjeuné.
- On navigue ensuite un petit peu et on trouve un endroit sympathique pour s'arrêter à midi, et nager. Dans ces moments là j'ai fait des plongées magnifiques, j'ai profité du soleil, des îles et beaucoup chahuté avec Marko...
- On navigue encore l'après-midi : cela est valable à toutes les heures, mais j'aimais beaucoup me mettre sur le filet à l'avant du catamaran (entre les deux coques) et regarder la mer défiler, au soleil et au vent... Et ça alterné avec la "navigation active" : se mettre à la barre/roue et se concentrer sur la girouette, la direction du bateau par rapport au vent, on regarde si le génois flotte ou non, la force du vent, la vitesse du bateau, resserrer les voiles, le vent tourne encore, on vire de bord, réajuster la grand-voile, garder le cap et serrer le vent au maximum ... Tellement de choses techniques que j'ai apprises en posant des questions ou en observant, lorsque Marko s'asseyait à côté de moi devant la roue et me disait "well, we want to go this way, now, the reis is yours" (en gros, démerde-toi, je t'arrêterais peut-être si tu fonces dans un rocher)
- Le soir, on arrive dans un mouillage plus sécurisé, avec souvent d'autres bateaux (sauf une fois ou nous avons été totalement SEULS dans une crique sur une île déserte... exceptionnel). Petite ballade sur les rochers quand l'occasion se pointe, sinon petite plongette ou glandage.
- Moi et Marko, avec mon père parfois, on faisait des tours en youyou (je pense que c'est le mot le plus approprié pour désigner la petite barque à moteur accrochée au bateau, bien que Marko se soit beaucoup amusé de cette appellation) et on fait le tour de tous les bateaux, il nous explique des choses sur chacun, nous mentionnant tous ceux qu'ils connaît, leurs propriétaires, des anecdotes... Il m'a vraiment appris à aimer les bateaux, et à me faire même toucher du doigt le charme que pouvait trouver les gens dans les bateaux à moteur (je ne suis toujours pas convaincue, et comme lui non plus ça n'est pas bien grave).
- La nuit, après le dîner, on sortait pour regarder les étoiles, du filet à l'avant du bateau. Ces deux derniers soirs, je suis restée jusqu'à assez tard, à compter les étoiles filantes avec Marko en parlant de tout et de rien (il m'a d'ailleurs appris hier beaucoup de subtilités de mon appareil photo).

     

Hier, on a quitté le bateau. Cette journée était géniale, bien qu'ayant une odeur amer de fin de vacances. J'en ai profité à tous les points de vue, mais je crois que j'ai quand même dû faire un peu la gueule... Notre arrivée au port a été très belle, on devait y aller en rendant tous les trucs de navigation - pour la réputation du skipper- en parfait état. Je me suis tellement moquée de Marko qui re-rangeait la moindre corde dont un bout dépassait de 2cm, en riant lui-même de sa maniaquerie. J'ai lancée la corde sur le quai, ce qui était un évenement assez grave vu que j'ai tendance à les envoyer à la mer et que je voulais vraiment ne pas râter celle là. Il faut être dans la situation pour comprendre ce que j'ai ressenti quand il m'a dit doucement "oh don't worry, it will be fine". C'est à ce genre de remarques que je déduis qu'il était très attentif et que je devais faire un peu la gueule... Puis il m'a attribué "l'honneur d'éteindre les moteurs pour la dernière fois".

Marko est parti d’abord, il a dit au revoir à tout le monde et moi et mon père l'avons accompagnés à sa voiture. Il m'a donné un bout de "corde de voile" assez mince dont il se servait comme ceinture pour son short : je me moquais de lui avec ça tandis qu'il s'amusait de mon bracelet de pinces à linges (il faut avoir vu pour comprendre ;-). Il m'a dit "tu feras un noeud de Cabestan puis un noeud plat sur cette corde (noeuds qu'il m'a patiemment appris) et tu la garderas en souvenir pour quand tu seras en Irlande". On s'est dit au revoir dans un élan relativement affectueux (le seul des vacances, faut-il vous rassurer?) et on est parti chacun de notre côté.
Outre le fait que j'aimais beaucoup le caractère de Marko, ce qui m'a beaucoup plus aussi c'est simplement cette situation, de sympathiser avec un croate, de m'échapper du "mode famille 24h/24", avoir eu une relation humaine intéressante. La seule chose qui m'a ennuyé du début jusqu'à la fin, c'est que moi j'étais en vacances, et que lui travaillait.

Pendant cette semaine mon esprit s'est complètement déconnecté, la nuit et le jour je ne pensais EXCLUSIVEMENT plus qu'à ce qui concernait le bateau. Maintenant, je ne peux pas m'empêcher d'avoir du mal à me raccrocher. Hier je n'ai pas réussi à m'endormir avant 2h du matin, repensant à tout ce voyage et en même temps recommençant à considérer "le reste". Rien que pour la symbolique, j'ai gardé la corde de Marko à côté de moi, et je me suis rendue compte qu'elle avait une légère odeur de sueur froide et de cigarette. Deux odeurs que je n'aurais jamais cru trouver un jour agréables sur un homme, et que pourtant j'aimais bien ressentir quand Marko était à côté de moi à la barre.

Aujourd'hui je suis un peu triste. Et crevée parce que je me suis endormie à 2h et levée à 4h pour prendre l'avion. Mais tout ça, c'est bien. J'ai l'adresse mail de Marko et on s'est promis d'échanger nos photos des vacances, mais je n'ai pas l'espoir qu'on garde vraiment contact. La vie continue : dans deux semaines, je pars en Irlande.

Ecrit par Indrea, le Dimanche 15 Août 2004, 22:09 dans la rubrique Indrea.


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