un bout de réflexion

Voilà! Aujourd'hui, 8 mai 2005,
ça fait exactement 7 ans que je suis arrivée en France.
Je m'en suis rappelée hier soir dans mon lit et ça m'a choqué
parce que ça m'avait vraiment échappé alors d'habitude je m'en souviens toujours...

Quand j'y pense, tous les changements qu'il y a eu!!!
Impressionnant! N'empêche que ça fait presque la moitié de ma petite vie!!!
waouh!!!

En gros.........
J'étais enfin venue vivre avec mes parents qui étaient
ma plus grande frustration dans mon enfance...
C'était vraiment triste comme ils me manquaient...
Je trouvais toujours trop injuste de voir que
c'étaient les parents de mes amis qui venaient les chercher et pas moi,
trop injuste que je ne les voyais qu'une fois par an,
trop injuste que ce soient pas mes parents qui m'emmènent au parc,
qui m'achètent des ballons, qui me fassent à manger..........

C'est ridicule de dire tout ça mais c'est juste la realité.
Maintenant j'en ai marre de les voir, mais je peux encore pleurer
comme je le faisais quand j'étais petite en pensant a tout ca.
Ne pas avoir ses parents auprès de soi,
c'est peut être mon envie à présent mais on se rends pas bien compte
que c'est extrèmement dur a vivre...

Apres, il y a eu la frustration dans l'autre sens.
Toutes les fois où j'ai pleuré parce que ma famille en Chine me manquait...
et là où j'ai vécu mon enfance, là où j'ai grandi,
là où j'ai passé une très grande partie de ma vie.

Puis la frustration de ne pas savoir parler et de se retrouver
comme ça du jour au lendemain dans un pays
où tu comprends rien de ce qui se raconte,
d'aller dans des écoles sans trop savoir ce qui s'y passe...
et déménager, encore et encore...

Mais il y a eu des gens.
Des gens qui m'ont aidé, qui avaient vraiment bon coeur.

Puis je me suis toujours pris des trucs racistes sur la gueule...
au tout début, je comprenais pas.
Puis mes amis me défendaient.
Puis peu à peu j'ai compris.
Et ça m'a fait mal. I
l y a eu vraiment des choses blessantes.
Et c'est triste à dire mais aujourd'hui, même la pire méchanceté
qu'on pourrait me dire sur mes origines, ça ne me fait pas grand chose.
Vraiment pas grand chose.
Tant que ça ne touche que moi, que ça ne vise QUE moi.
Tant qu'ils n'élargissent pas le propos.
Ca ne me fait rien parce que j'ai eû l'habitude, comme pour toute chose.
Et parce qu'aujourd'hui j'assume entièrement mes origines.
J'en suis même fière.
Et parce que ceux qui balancent toutes ces pourritures sont ignorants.

Parfois, j'envie ceux qui ont toujours eu une vie paisible,
qui ont eu depuis leur enfance un foyer,
une famille bien établis, qui ont jamais eu à affronter la séparation,
la frustration, la pauvreté.
Mais c'est seulement parfois.
Parce que je me dis maintenant que finalement,
j'ai eu de la chance d'avoir vécu tout ça, que ma vie n'a pas été monotone et prévisible.

Il y a des épisodes que je voudrais zapper,
des parties de moi que je voudrais supprimer
parce que ça devient presque honteux d'y repenser.
Mais ça a fait de moi ce que je suis aujourd'hui,
ça a fait ma vie, alors autant assumer même si c'est repoussant.

Et grâce à ces souvenirs, je me trouve posée. Je suis enfin posée.
J'ai enfin confiance en moi. J'ai découvert énormément de choses
à travers ces sept ans.
Si je représentais tout ça, je dirais que mes trois premières années ont été un fouilli,
avec des changements constants, une marmitte où on mélange tout.
Mes trois années suivantes ont été tranquilles ou presque,
et où j'ai commencé à me détacher de mes parents.
Et c'est pendant cette dernière année que je pris confiance en moi,
que j'ai commencé à assumer ce que j'étais et que je me suis enfin po-sée.