un bout de réflexion

Camille. Ma petite voisine.

Elle est née il y a 3 semaines, la veille de Rock-en-Seine, à 3h du matin, en 5 minutes, chez mes voisins. Les pompiers sont venus, et moi, à 3h du matin, je suis allé sonner chez mon voisin, que je ne connaissais pas encore, en chemise de nuit, pour lui proposer de garder son autre fille, histoire qu'il puisse aller à la maternité avec sa femme.

Aujourd'hui, ils sont venus chez nous pour prendre l'apéritif. Des gens sympas, et légerement marginaux dans le sens positif du therme : pas bourges, ni des intellos coincés, ni des BCBG. Pour le voisinage, c'est assez rare.

Moi, j'ai gardé Camille dans mes bras tout le temps. Elle dormait, la plupart du temps. Gigotant et ralant quand j'arrêtais de la bercer, souriant aux anges de temps en temps. Un sourrire de nouveau-né.

Rien de plus magnifique. Ca prouve que le bonheur n'est pas qu'une illusion, qu'il exite réellement, qu'il est primitif, et qu'on peut être heureux, par moments, juste parce qu'on se sent bien, juste parce qu'on existe.

Son pouce fait la longueur de la plus petite phalange de mon petit doigt. Elle pèse aussi lourd que mon oreiller. Je n'avais pas eu l'occasion de voir de nouveaux nés depuis au moins 3 ans. Un si petit bout de vie. Et pourtant, qui sait, dans quelques années, qui sera-t-elle?? A quoi ressemblera-t-elle quand elle aura mon age?

C'est dingue d'imaginer qu'il y a 16 ans, j'étais comme ça. Les gens me passaient de bras en bras, me trouvaient mignonne, et je recevais de la tendresse et des caresses de partout. Les gens m'aimaient pour le simple fait que je n'étais qu'un bébé innocent et mignon, et je vivais, dormant et pleurant beaucoup, completement dépendante des autres, ne sachant rien, même pas que j'existais.

C'est bizarre d'imaginer que j'étais le bébé de ma mère, sa préoccupation principale pendant bien des semaines... Pour ma famille, ma grand-mère, mes tantes, j'étais le "nouveau bébé" de la famille. Vu ma relation avec eux maintenant (on me parle pratiquement en adulte), c'est pratiquement impossible d'imaginer qu'ils m'ont connus et dorlottés quand j'étais si petite.

Camille ouvre ses yeux et me regarde avec des yeux ronds qui disent "c'est qui, ça??". Mais elle ne pleurt pas.

Etre un bébé aimé, ça doit tout changer dans la vie.