un bout de réflexion

Je suis bien avec lui.

Cette phrase veut tout dire, parce qu'on est seulement ensemble depuis une dizaine de jours, et c'est le sentiment qui s'est inscrit en moi et se confirme de plus en plus avec le temps.

On est bien. Terriblement bien. Je trouve que c'est un mec absolument génial. On passe de super moments ensemble. On a envie de se voir, pas envie de se quitter. On fait des trucs actifs, on discute, on passe toute la journée au lit, ça dépent des jours.

Trois réponses que je donne assez souvent à la question "Je l'ai trouvé où"?
- On a fait la Révolution ensemble.
- Sur l'herbe de Censier, entrain de bronzer en buvant de la bière et en discutant politique.
- Sous les bombes lacrymogènes, lorsque je lui ai sauvé la vie.

En tous les cas, je suis contente de l'avoir trouvé. Le hic qui n'en est pas un, c'est qu'il a 21 ans, moi pas encore 17. Sauf qu'on s'en fout, en fait. C'est la réaction de mon entourage qui m'a fait réaliser que l'écart n'était pas classique. Et alors?

Ce qui est amusant, c'est qu'il représente pour moi le contraire de ce que je définirait habituellement par mon "type de mec". Pourtant dès que je l'ai vu je l'ai trouvé particulièrement attirant... C'est vraiment bizarre en fait, et ça me plait bien. Ca me casse mes préjugés personnels.

Le seul truc qui me dérange, c'est que je me demande ce qu'un mec comme lui fait avec moi. Qu'est-ce qui le pousse à rester avec moi, je ne le cerne pas vraiment. Ce qui l'a poussé à m'approcher au début est relativement limpide : pour lui comme pour moi, on cherchait à passer une bonne soirée. Maintenant, on commence à se stabiliser en temps que "couple" (je ne peux pas m'empêcher de trouver ça bizarre...), et j'ai du mal à intégrer le fait qu'il a peut-être effectivement envie de commencer une relation serieuse avec moi.

J'ai peur. Plus on est proches plus j'ai peur. Je me rends compte que je n'ai pas entièrement confiance en moi. Je commence à m'attacher à lui. Je commence à comprendre que cette histoire va compter pour moi. C'est génial, d'ailleurs. Mais j'ai peur.

Il ne faut rien exagérer, je ne suis pas vraiment du genre à me stresser pour rien. Je vis au jour le jour, et comme on dit en ce moment, "à l'heure à l'heure". Je me dis que quoi qu'il arrive, ça ne sera absolument pas grave... On est jeunes et on vit, il faut arrêter de dramatiser.
Simplement, chaque fois que je pars dans des élans enthousiastes, c'est comme si quelque chose en moi se forçait à me ramener sur terre avec une remarque acide sur la réalité de la situation, le fait que ça pouvait encore mal tourner et qu'il ne fallait pas que je m'investisse trop émotionnellement, de peur d'attérir violemment.

Quand je suis avec lui, je ne pense à rien de tout ça. C'est quand les autres me parlent de notre relation. Quand on essaye de me faire croire que notre différence d'age est beaucoup trop élevée, que ça ne peut pas marcher ou alors que ça cache forcément quelque chose.

Les gens ont tellement de préjugés. Certains de mes amis m'ont vraiment déçus ces jours ci... Pas seulement par rapport à Yannick, d'une manière générale. Je me rend compte à quel point le monde manque d'ouverture d'esprit et de tolérance. Ce sont deux choses sur lesquelles je travaille tous les jours.

En attendant, je profite. Je ne me prends même pas la tête à me torturer avec toutes ces questions : je les regarde passer, je les considère. J'obsèrve la situation comme si j'y étais exterieure...

Et pour le moment, tout va extrèmement bien.