un bout de réflexion

Vie de mon lycée, politique : lutte anti-CPE cette semaine.

Jeudi dernier, Balzac a été bloqué pour la journée. Concrètement, ça veut dire qu'on est arrivés à une quarantaine vers 7h30, avec de la corde, des cadenas, des antivols, et en s'aidant des barrières de chantiers et de poubelles, pour barricader toutes les entrées. On a grimpé pour afficher nos banderoles, puis on a formé une chaîne humaine devant les portes qu'on avait pas pu bloquer de manière sure.
Si vous connaissez Balzac, vous comprenez que l'opération n'est pas si facile, vu qu'en tout il y a 7 portes et portails...

Un beau bordel, très organisé de notre part : des profs qui râlent et essayent d'entrer, des prépas aussi, des collégiens qui demandent si ils doivent rentrer chez eux, des policiers qui ne comprennent rien, la principale qui pète un plomb. En une petite heure, on a réussi à renvoyer chez eux ceux qui voulaient rentrer, à rassembler ceux qui resteraient pour aller à la manif, à rassurer les prépas en leur disant que ça n'était que pour une journée, et à obtenir de la principale qu'elle ferme le lycée pour toute la journée (sa grande peur est que l'on occupe l'établissement, comme ils l'avaient fait l'année dernière. Tant qu'on reste à l'exterieur, elle ferait n'importe quoi).

Après une Assemblée Générale en pleine air improvisée avec des plots en guise de méga-phone, on se décide finallement pour partir avec nos banderoles et la bonne grosse centaine de lycéens anti-CPE, pour aller chercher Chaptal, puis Ronsard (autres lycées du coin). Tous ensemble, forts seulement de quelques individus en plus (décevant), on va a Nation retrouver tous les lycées de Paris Ouest, avec lesquels on marche jusqu'à la "vraie" manifestation, place d'Italie.

La veille, j'avais contacté la presse pour les prévenir, c'était mon rôle. Grâce à moi, on a eu un journaliste de Libé avec nous à partir de Balzac jusqu'à la manifestation. Du coup, il m'a interviewé (je suis sur le Libé de vendredi, page 4, si vous voulez la preuve...), en me prenant un peu pour la "leader" du groupe, ce qui n'est vraiment pas le cas. J'ai essayé en vain de lui faire comprendre qu'à Balzac, il n'y a pas de leader, ou alors il y en a 10. Les gens ont du mal à comprendre ça.

Personnellement, je trouve qu'empêcher les gens d'aller en cours n'est pas bien. En théorie, je serais contre le blocage. Mais concrètement, c'est ça qui marche, qui fait du bruit, qui met la pression sur le gouvernement. Il ne faut pas en abuser, et je ne sais pas trop quoi penser des universités bloquées de manière continue (chez nous, c'était symbolique, une journée). Il faut savoir ce qu'on veut, comme ils disent. Le seul problème, c'est que même si on sait ce qu'on veut, on se permet en bloquant de le décider pour l'ensemble des étudiants...

Je suis allée à la manifestation d'hier aussi, dans une ambiance totalement différente (on était plus une "bande de pote", on ne représentait pas Balzac et on s'est mélangés avec d'autre lycées).

Beaucoup d'amis à moi sont aussi allés à la Sorbonne plusieurs fois (d'ailleurs si je n'avais pas été en Allemagne, je serais probablement rentrée dedans le vendredi où elle a été occupée). En gros, on se politise, on se bouge.

Il y a un mois, j'avais le sentiment de suivre sans vraiment savoir ce que j'en pensais personnellement. C'est completement passé : maintenant, je sais exactement ce que j'en pense. Par exemple, casser la gueule à des CRS, ça ne m'intéresse définitivement pas. Par contre, lutter contre le CPE, même à un prix élevé, je trouve ça vraiment important.